La prise en charge de la chirurgie bariatrique
1. Le bilan pré-opératoire
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Si vous avez entamé votre parcours de soin pour avoir recours à une chirurgie bariatrique
(anneau, by-pass, sleeve, etc.), votre médecin a dû vous informer que vous deviez
obligatoirement rencontrer un psychologue ou un psychiatre pour réaliser une évaluation
pré-opératoire.
- A quoi sert cette évaluation
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Conformément aux préconisations de l’HAS (Haute Autorité de Santé) :
"L’évaluation psychologique et/ou psychiatrique pré-opératoire doit concerner tous les patient·e·s candidat·e·s à la chirurgie de l’obésité. Elle doit permettre :- d’identifier les contre-indications psychiatriques à la chirurgie
- d’évaluer la motivation du patient, sa capacité à mettre en œuvre les changements comportementaux nécessaires et à participer à un programme de suivi post-opératoire à long terme
- d’évaluer les déterminants et conséquences psychologiques de l’obésité
- d’évaluer les ressources intellectuelles et les connaissances qui doivent être suffisantes pour fournir un consentement éclairé
- de déterminer les facteurs de stress psychosociaux, la présence et la qualité du soutien socio-familial
- de proposer des prises en charge notamment psychothérapeutiques adaptées avant chirurgie et d’orienter le suivi en post-opératoire."
- Qu’est-ce que cela signifie ?
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Le rôle du psychologue est de s’assurer que vous puissiez traverser cette chirurgie dans les
meilleures conditions. Il n’est pas là pour vous interdire l’accès à cette intervention mais
doit s’assurer que cette opération ne vous mettra pas en danger sur le plan psychique. Il a
également pour mission de vous conseiller et de vous donner des ressources pour la phase
post-opératoire.
L’objectif est d’aborder au mieux l’intervention et ses suites mais aussi vos attentes, vos motivations et d’éventuelles difficultés passées ou actuelles.
Il est important de noter que le psychologue, suite à l’évaluation et aux entretiens, peut se montrer défavorable à la poursuite de la prise en charge chirurgicale. Néanmoins, il s’agit rarement d’un refus définitif, mais plus souvent d’une préconisation de prise en charge médicale, psychiatrique, nutritionnelle ou psychologique avant l’opération. - Pourquoi ces rendez-vous sont-ils importants ?
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Un bilan psychologique incomplet et une mauvaise identification des enjeux psychologiques
pourraient avoir des conséquences importantes sur votre parcours de soin.
La chirurgie bariatrique s’accompagne de lourdes contraintes qui mettront votre volonté à l’épreuve.
Ces séances constituent l’occasion de prendre un temps pour vous-même avec un professionnel soumis au secret qui ne vous jugera pas et vous aidera à explorer les raisons profondes qui vous ont amené à prendre la décision de vous faire opérer, qui revisitera avec vous votre histoire liée à la prise de poids et/ou à la nourriture.
Ces espaces de réflexion et les conclusions que vous en tirerez vous aideront à être moins surpris.e par les effets pré et post-opératoires sur votre moral. - Quel est le protocole ?
- Prévoir 3 rendez-vous d’environ 45 minutes.
Ces entretiens se déroulent sous la forme d’échanges au cours desquels le psychologue s’assure d’évaluer l’ensemble des points requis par la HAS.
Suite aux rencontres, un compte-rendu vous est remis. Il vous sera utile pour la commission avec le chirurgien.
Le bilan n’est pas remboursé par la sécurité sociale, toutefois certaines mutuelles remboursent les entretiens psychologiques. Une facture détaillée vous sera ainsi remise.
2. Le suivi post-opératoire
- Pourquoi le suivi est-il important ?
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L’intervention s’accompagne de contraintes qui peuvent être lourdes à porter.
- Comment se comporter dans les situations sociales quand on ne peut pas vraiment partager un repas avec les autres ?
- Comment consoler la place de la nourriture si cette dernière était très importante dans notre quotidien ?
- A quoi ressemble mon corps après la perte de poids et comment les autres me voient-ils ?
- Pourquoi n’ai-je pas récupéré davantage confiance en moi ?
- Est-ce que les autres se comporteraient différemment avec moi dans cette situation si j’étais toujours en surpoids ?
Chaque personne a un rapport différent à l’alimentation. Il ne s’agit pas d’une composante qui concerne uniquement les personnes en surpoids. En revanche, ici, la particularité est que l’opération bouleverse cette relation à la nourriture. On a parfois besoin de soutien pour repenser les choses, mettre en place d’autres habitudes...
L’intervention chirurgicale engendre également des transformations du corps rapides, parfois tellement rapides que l’image qu’on a de soi ne suit pas, ne colle plus. On ne sait plus comment se représenter, à quoi on ressemble et cela peut s’avérer très déstabilisant.
Enfin, ces transformations qui sont souvent perçues comme un nouveau départ, peuvent entraîner avec elles des envies de changer des schémas relationnels, des façons de se comporter : un suivi post-opératoire est l’occasion d’interroger aussi ces aspects.
La chirurgie impacte votre corps physique et votre esprit, au premier lieu l’image que vous avez de vous-même. Perte de poids conséquente, cicatrices, regards et comportements de l’entourage qui changent : il n’est pas simple de faire face à ces évolutions. Notamment parce qu’on se construit avec ou contre le surpoids, avec le temps cela devient une part de l’identité, cela façonne les habitudes de vie, les relations. La chirurgie vient bouleverser tout cela. Le psychologue est là pour vous accompagner dans ces changements corporels et les réaménagements psychiques qui en découlent.